"Cher Till Lindemann,
Tu ne me connais pas malgré le fait que je te connaisses très bien. Je me présente, je m'appelle Elise. Je suis Française et je suis ta plus grande fan au monde. J'aime tout chez toi, ta voix, ton physique, ta personnalité, tout ! Je me suis servie de Rammstein pour guérir mes blessures. Quand j'allais pas bien, j'écoutais vos chansons et ta voix me faisait sentir mieux. Mon plus grand rêve serait de te voir, te rencontrer !
A bientôt peut être.
Elise. "
Je pliai la lettre, fière de moi, la mis dans son enveloppe, et léchai la languette pour ensuite la replier sur l'enveloppe. Enfin, tout était prêt à être envoyé ! Je la posterais demain en allant au lycée... Mais pour le moment, j'avais plus important à faire : j'avais vu sur le site français de Rammstein qu'il y aurait une date en France, pas loin de chez moi. A Lyon précisément. Mais pas moyen, mes parents ne voulaient pas, ces imbéciles. Ils ne comprenaient rien à rien ces foutus vieux ! Ils ne comprenaient pas que ce groupe était toute ma vie. Ils représentaient tant pour moi.
J'ai connu Rammstein grâce à un ami à moi qui m'avait prêté un de leur albums "pour me faire écouter autre chose que Blink-182". "Ouais, c'est bon ta gueule" je lui avais répondu.
Lorsque je mis 'Sehnsucht' pour la première fois dans le lecteur CD, j'avais pris peur. Ça changeait complètement de style de musique. C'était qui ces sauvages ? Ils étaient ce que j'appelais 'l'effet suppositoire', oui je sais, très élégant. J'avais écouté et réécouté pour essayer de comprendre comment on pouvait faire de cette daube. MAIS, au bout d'une dizaine d'écoute sans m'arracher les cheveux, je commençais à adorer certaines chansons. Comme par exemple "Du Hast", "Engel" et "Klavier".
Mais le déclic ne se fit réellement lorsqu'enfin j'eus la permission de mes parents d'aller me renseigner sur Internet. Et là, c'était le choc total. Je ne savais pas ce que je m'imaginais, mais rien ne m'avait préparé à ça. Des photos de chaque membre du groupe. Et ce fut en cet instant précis que je tombais complètement amoureuse du chanteur : Till Lindemann. Vous allez me dire "Ouais mais on ne peut pas tomber amoureuse de quelqu'un qu'on ne connait pas" et tout...mais je pouvais vous jurer que je connaissais tout de lui en peut de temps. Mais ma soif de connaissance n'était pas encore étanchée. Je voulais le connaitre physiquement. Peut être que j'allais lui plaire. Je plaisais à beaucoup de garçons, mais je les trouvais trop gamins pour moi. Il me fallait un homme mûr et cet homme là, ça serait Till, ou personne.
Mais toujours le même problème : comment allais-je le rencontrer ? Si mes connards de parents ne me permettent pas d'aller à un de leur concerts, comment pouvais-je voir l'homme de mes rêves ? J'avais pourtant insisté pour avoir une place pour mon anniversaire qui sera dans une semaine, mais même pas en rêve ! Rien du tout ! "Tu n'es pas encore majeure et tu n'auras que de l'argent si ça ne te plait pas !" Je suis pas majeure mais j'ai tout de même 16 ans ! Je n'étais plus une gosse !! Mais oui maman, de l'argent pas de soucis, comme ça j'irai acheter une place ! Je pouvais bien me débrouiller pour y aller sans que mes vieux le sache... Sur ces pensées, je me réfugiai encore sur mon ordinateur portable, pour aller à la recherche de photos inédites de ce cher Till...
____________________________________________________
"Joyeux anniversaire Elise !!"
Ma mère me tend une enveloppe, et je la pris sans grand enthousiasme. Elle avait du tenir sa parole, il devait y avoir du pognon dans cette enveloppe. Mais tant pis, elle tiens sa parole, je tiendrais la mienne, même si elle avait intérêt à ne pas avoir lésiné sur les moyens !
Je mis en place un masque de joie sur mon visage et ouvrit cette chose blanche.
Un flash argenté brillait à l'intérieur. Prise de curiosité, j'y plongeai mes doigts, et commençai à sentir des palpitations dans ma poitrine. Un silence pesant venait de s'installer dans la pièce quand enfin, je sortis le contenu de l'enveloppe. Deux places avaient été mises à l'intérieur, et il me fallut un bon moment avant de trouver le courage de regarder pour quelle daube elles allaient être.
J'ouvris mes yeux de stupeur. Aucun son ne sortait de ma bouche, alors que les larmes montèrent instantanément. Je ne pouvais le croire, mes parents ne pouvaient pas être aussi adorables que ça. Et pourtant. Sur les places rouges était inscrit en capitales : RAMMSTEIN. Oh mon Dieu, je sautai au cou de ma mère en pleurant à chaudes larmes. Celle-ci riait en voyant ma réaction, et me serra fort dans ses bras tout en embrassant le dessus de ma tête. Sans m'en rendre compte, je me retrouvai dans la forte étreinte de mon père qui murmura au creu de mon oreille :
"Alors ma puce, ton cadeau te plait ?"
Je reculai précipitamment ma tête, l'euphorie du moment toujours affichée sur mon joli minoi, et m'exclamai, d'une voix stridente :
"Tu m'étonnes que ça me plait !!! Merci papa, merci maman !!! Vous êtes les meilleurs parents du monde !!!!"
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"Cher Till Lindemann,
Comment allez-vous ? Je ne pourrais pas aller mieux ! Je vais enfin pouvoir vous rencontrer, comment je suis trop contente !! Vivement Lyon, que je puisse vous voir, et tout !!
A dans un mois !!
Tendrement,
Elise."
Enfin, plus qu'une foutue semaine à attendre !! Je n'en pouvais plus, j'en avais marre ! Je me sentais intouchable ! Rien ne pouvait gâcher ma bonne humeur, à part peut être le fait que Till ne m'avait répondu, à aucune de mes lettres. Mais tant pis, il devait les lire, donc il savait que j'existais, c'était tout ce qui comptait pour moi.
Je me perdais encore dans mes fantasmes, rêvant du fait que Till et moi pouvions être ensembles. J'avais entendu dire qu'il y avait des after-show, et j'allais tout faire pour y aller. Till n'allait pas me résister ! Personne ne le pouvait. Je me trouvais plutôt canon, et je le savais très bien. Ma poitrine plutôt généreuse pour mon âge m'offrait une silhouette qui n'avait rien à envier à personne. Ma longue chevelure dorée naviguait jusqu'à ma chute de reins, donnant naissance à un postérieur avantageux. J'étais belle.
____________________________________________________
La Halle Tony Garnier. Je me les gelais sévère mais je faisais comme si de rien n'était. Je jubilais totalement pendant que j'attendais dans la file, entourée de gothiques et de métalleux en tout genre. Beurk, ils étaient moches. Des bruits sourds se font entendre à l'intérieur de la salle, et tout le monde hurla, moi y compris. Je savais très bien ce qu'il se passait. Schneider, le batteur de Rammstein, était là, à seulement quelques mètres de nous. Peut être que "mon homme" était là lui aussi...
Je m'étais faite encore plus belle pour l'occasion. Je portais une mini-jupe écossaise sur ces collants résilles noirs, alors que ma poitrine était fièrement relevée par un corset rouge et noir. "Mais tu ne vas pas y aller comme ça ! Mets au moins un veste !!" avait hurlé ma mère en me voyant partir de la sorte. Et heureusement que je l'avais écouté, j'avais enfilé un long manteau noir par dessus, et je le supportais bien ! Je regardais mon ami, car oui, je fus accompagnée, à la demande de mes parents, par un pote majeur. Ça devait les rassurer. Il me mettait la honte, mais après deux ou trois réflexions cinglantes, il se tut. Il m'avait bien dit de ne pas me plaindre du froid à cause de mon accoutrement, ce à quoi je lui avait fermement répondu "Mais je t'emmerde !".
Les lumières s'éteignent après la première partie de merde, et je sentis mon c½ur presque me lâcher. Mes Dieux se tenaient là, devant moi, même si je ne les voyais pas encore. Enfin, le rideau tomba, et je ne répondis plus de moi. L'amour de ma vie me transportait de sa voix grave, et sa gestuelle encourageante me donnait envie de lui, bah oui. Je balançais ma tête de haut en bas en rythme de la musique, comment ils appelaient ça déjà ? Ah oui, du headbanging !
Je me perdais complètement dans ce concert quand hélas, la première pause s'installa. Des fans hurlaient à ma gauche, et j'essayais de regarder, mais je ne voyais rien de spécial. A part peut être un guignol chauve qui distribuait je ne sais pas quoi. Attendez. Mais....Soudain, je réagi, et hurla de toutes mes forces, dérangeant même mon voisin. Le chauve se rapprocha, trop lentement à mon gout, et enfin, il me regarda. Je le vis me reluquer. Quoi papi, tu me kiffes ? Puis il se rapprocha de moi, plus précisément de mon oreille.
"Do you want to come backstage ?"
Oh putain !! YES ! YES ! YES !!! Je ne m'entendis pas crier ma réponse, puis il colla un truc triangulaire sur ma poitrine. Ça faisait con, mais tant pis, cette chose, aussi moche était-elle, était la clef du Paradis. Je ne pouvais pas le croire, non je ne pouvais pas avoir cette chance là !! J'allais voir MON groupe de près ! MON Till ! Oh mon Dieu, j'étais trop heureuse !
Je devais avouer que même le concert me paraissait long...Je voulais déjà être dans la même pièce que Till, je ne voulais plus attendre.
Mais enfin, au bout de quelques minutes, mon attente fut payante. Le même chauve vint cherche le joyeux petit groupe dans lequel je me trouvai, et nous demanda de le suivre. Je fus la première à lui emboiter le pas. Si les autres n'étaient pas pressés, je l'étais. Vous vous demandez peut être ce que j'ai fait du copain qui était avec moi ? Bah je l'avais laissé ! Il m'avait regardé avec des yeux envieux, mais aussi un regard moralisateur. Je lui demandai de m'attendre pendant une petite heure, tout en sachant très bien que l'after allait durer plus longtemps.
Bref, allons à l'essentiel. Je me retrouvais là, au milieu de cette pièce blanche, toujours entourée, mais je n'en avais que faire. Je me sentais seule au monde, et tant mieux pour moi. Soudain, une porte s'ouvrit, et deux membres du groupes firent leur entrée. Paul et Schneider. Je les fixai sans y croire. J'étais comme paralysée, incapable d'exprimer la moindre émotion, ni la moindre excitation. Malgré moi, je fis un pas vers eux, puis deux, alors que je me faisais passer, presque bousculée, par d'autres fans. J'eus envie de tous les flinguer, mais ils m'avaient au moins réveillé. Je me retrouvais enfin devant Paul, et dans un Anglais très approximatif entama la conversation.
"Hey hello...Euh...Thank you for the show, it was really good !"
Il me souriait et je crus fondre sur place. Même lui il était beau ! Il me répondit un "merci" en Français, et ne s'attarda pas trop sur moi. Tant pis, je ne savais pas quoi lui dire. Vint le tour de Schneider qui me regardait avec insistance. Il devait me trouver belle. Il s'approcha de moi :
"Hi. me dit-il.
-Hello.
-I've heard you liked the show ?"
Et je fondis de nouveau. Putain mais j'étais en chaleur ou quoi ? Je me détestais quand je réagissais comme ça. Nous continuions de papoter, quand la porte s'ouvrit encore. Mon c½ur se serra, et se desserra aussitôt quand je vis arriver le grand maigre dont je ne me rappelle jamais le nom, et le beau Richard. Je courus presque vers lui, et il rit quand il me vit arriver. Il avait un pet de travers lui ou quoi ? J'ouvris la bouche pour lui sortir le même baratin quand cette satanée porte s'ouvrit encore. Toujours les mêmes palpitations.
Je me retournai, et enfin mon c½ur me lâcha le temps d'une demi seconde. Devant moi, dans toute sa splendeur et toute sa beauté, se tenait mon homme, Till Lindemann. Je cru vivre un rêve. Il ne pouvait être réel. Je restais figée là comme une abrutie, devant lui, alors qu'il avait à peine levée les yeux sur moi. Puis il me fit un signe de la tête (je crus mourir un peu plus), me contourna, puis alla s'asseoir, évitant les connasses qui essayaient de le toucher. De quel droit elles voulaient le toucher !? Il était à moi ! Rien qu'à moi ! Mais je ne fis rien pendant de longues minutes. Soudain, je sentis une main sur mon dos. Je sursautai et posai mon regard sur la personne. Le grand maigre.
"Hab keine Angst vor ihm. Wirst mit ihm sprechen."
Puis il rit. Je n'avais rien compris, mais ça devait être drôle. Apparemment ma tête devait avoir quelque chose de risible, parce que le vieux rit de plus belle.
"Pardonne Flake, il ne parle pas Anglais. Il te dit que si tu veux voir Till, tu peux, il ne faut pas avoir peur..."
Tu ne me connais pas malgré le fait que je te connaisses très bien. Je me présente, je m'appelle Elise. Je suis Française et je suis ta plus grande fan au monde. J'aime tout chez toi, ta voix, ton physique, ta personnalité, tout ! Je me suis servie de Rammstein pour guérir mes blessures. Quand j'allais pas bien, j'écoutais vos chansons et ta voix me faisait sentir mieux. Mon plus grand rêve serait de te voir, te rencontrer !
A bientôt peut être.
Elise. "
Je pliai la lettre, fière de moi, la mis dans son enveloppe, et léchai la languette pour ensuite la replier sur l'enveloppe. Enfin, tout était prêt à être envoyé ! Je la posterais demain en allant au lycée... Mais pour le moment, j'avais plus important à faire : j'avais vu sur le site français de Rammstein qu'il y aurait une date en France, pas loin de chez moi. A Lyon précisément. Mais pas moyen, mes parents ne voulaient pas, ces imbéciles. Ils ne comprenaient rien à rien ces foutus vieux ! Ils ne comprenaient pas que ce groupe était toute ma vie. Ils représentaient tant pour moi.
J'ai connu Rammstein grâce à un ami à moi qui m'avait prêté un de leur albums "pour me faire écouter autre chose que Blink-182". "Ouais, c'est bon ta gueule" je lui avais répondu.
Lorsque je mis 'Sehnsucht' pour la première fois dans le lecteur CD, j'avais pris peur. Ça changeait complètement de style de musique. C'était qui ces sauvages ? Ils étaient ce que j'appelais 'l'effet suppositoire', oui je sais, très élégant. J'avais écouté et réécouté pour essayer de comprendre comment on pouvait faire de cette daube. MAIS, au bout d'une dizaine d'écoute sans m'arracher les cheveux, je commençais à adorer certaines chansons. Comme par exemple "Du Hast", "Engel" et "Klavier".
Mais le déclic ne se fit réellement lorsqu'enfin j'eus la permission de mes parents d'aller me renseigner sur Internet. Et là, c'était le choc total. Je ne savais pas ce que je m'imaginais, mais rien ne m'avait préparé à ça. Des photos de chaque membre du groupe. Et ce fut en cet instant précis que je tombais complètement amoureuse du chanteur : Till Lindemann. Vous allez me dire "Ouais mais on ne peut pas tomber amoureuse de quelqu'un qu'on ne connait pas" et tout...mais je pouvais vous jurer que je connaissais tout de lui en peut de temps. Mais ma soif de connaissance n'était pas encore étanchée. Je voulais le connaitre physiquement. Peut être que j'allais lui plaire. Je plaisais à beaucoup de garçons, mais je les trouvais trop gamins pour moi. Il me fallait un homme mûr et cet homme là, ça serait Till, ou personne.
Mais toujours le même problème : comment allais-je le rencontrer ? Si mes connards de parents ne me permettent pas d'aller à un de leur concerts, comment pouvais-je voir l'homme de mes rêves ? J'avais pourtant insisté pour avoir une place pour mon anniversaire qui sera dans une semaine, mais même pas en rêve ! Rien du tout ! "Tu n'es pas encore majeure et tu n'auras que de l'argent si ça ne te plait pas !" Je suis pas majeure mais j'ai tout de même 16 ans ! Je n'étais plus une gosse !! Mais oui maman, de l'argent pas de soucis, comme ça j'irai acheter une place ! Je pouvais bien me débrouiller pour y aller sans que mes vieux le sache... Sur ces pensées, je me réfugiai encore sur mon ordinateur portable, pour aller à la recherche de photos inédites de ce cher Till...
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"Joyeux anniversaire Elise !!"
Ma mère me tend une enveloppe, et je la pris sans grand enthousiasme. Elle avait du tenir sa parole, il devait y avoir du pognon dans cette enveloppe. Mais tant pis, elle tiens sa parole, je tiendrais la mienne, même si elle avait intérêt à ne pas avoir lésiné sur les moyens !
Je mis en place un masque de joie sur mon visage et ouvrit cette chose blanche.
Un flash argenté brillait à l'intérieur. Prise de curiosité, j'y plongeai mes doigts, et commençai à sentir des palpitations dans ma poitrine. Un silence pesant venait de s'installer dans la pièce quand enfin, je sortis le contenu de l'enveloppe. Deux places avaient été mises à l'intérieur, et il me fallut un bon moment avant de trouver le courage de regarder pour quelle daube elles allaient être.
J'ouvris mes yeux de stupeur. Aucun son ne sortait de ma bouche, alors que les larmes montèrent instantanément. Je ne pouvais le croire, mes parents ne pouvaient pas être aussi adorables que ça. Et pourtant. Sur les places rouges était inscrit en capitales : RAMMSTEIN. Oh mon Dieu, je sautai au cou de ma mère en pleurant à chaudes larmes. Celle-ci riait en voyant ma réaction, et me serra fort dans ses bras tout en embrassant le dessus de ma tête. Sans m'en rendre compte, je me retrouvai dans la forte étreinte de mon père qui murmura au creu de mon oreille :
"Alors ma puce, ton cadeau te plait ?"
Je reculai précipitamment ma tête, l'euphorie du moment toujours affichée sur mon joli minoi, et m'exclamai, d'une voix stridente :
"Tu m'étonnes que ça me plait !!! Merci papa, merci maman !!! Vous êtes les meilleurs parents du monde !!!!"
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"Cher Till Lindemann,
Comment allez-vous ? Je ne pourrais pas aller mieux ! Je vais enfin pouvoir vous rencontrer, comment je suis trop contente !! Vivement Lyon, que je puisse vous voir, et tout !!
A dans un mois !!
Tendrement,
Elise."
Enfin, plus qu'une foutue semaine à attendre !! Je n'en pouvais plus, j'en avais marre ! Je me sentais intouchable ! Rien ne pouvait gâcher ma bonne humeur, à part peut être le fait que Till ne m'avait répondu, à aucune de mes lettres. Mais tant pis, il devait les lire, donc il savait que j'existais, c'était tout ce qui comptait pour moi.
Je me perdais encore dans mes fantasmes, rêvant du fait que Till et moi pouvions être ensembles. J'avais entendu dire qu'il y avait des after-show, et j'allais tout faire pour y aller. Till n'allait pas me résister ! Personne ne le pouvait. Je me trouvais plutôt canon, et je le savais très bien. Ma poitrine plutôt généreuse pour mon âge m'offrait une silhouette qui n'avait rien à envier à personne. Ma longue chevelure dorée naviguait jusqu'à ma chute de reins, donnant naissance à un postérieur avantageux. J'étais belle.
____________________________________________________
La Halle Tony Garnier. Je me les gelais sévère mais je faisais comme si de rien n'était. Je jubilais totalement pendant que j'attendais dans la file, entourée de gothiques et de métalleux en tout genre. Beurk, ils étaient moches. Des bruits sourds se font entendre à l'intérieur de la salle, et tout le monde hurla, moi y compris. Je savais très bien ce qu'il se passait. Schneider, le batteur de Rammstein, était là, à seulement quelques mètres de nous. Peut être que "mon homme" était là lui aussi...
Je m'étais faite encore plus belle pour l'occasion. Je portais une mini-jupe écossaise sur ces collants résilles noirs, alors que ma poitrine était fièrement relevée par un corset rouge et noir. "Mais tu ne vas pas y aller comme ça ! Mets au moins un veste !!" avait hurlé ma mère en me voyant partir de la sorte. Et heureusement que je l'avais écouté, j'avais enfilé un long manteau noir par dessus, et je le supportais bien ! Je regardais mon ami, car oui, je fus accompagnée, à la demande de mes parents, par un pote majeur. Ça devait les rassurer. Il me mettait la honte, mais après deux ou trois réflexions cinglantes, il se tut. Il m'avait bien dit de ne pas me plaindre du froid à cause de mon accoutrement, ce à quoi je lui avait fermement répondu "Mais je t'emmerde !".
Les lumières s'éteignent après la première partie de merde, et je sentis mon c½ur presque me lâcher. Mes Dieux se tenaient là, devant moi, même si je ne les voyais pas encore. Enfin, le rideau tomba, et je ne répondis plus de moi. L'amour de ma vie me transportait de sa voix grave, et sa gestuelle encourageante me donnait envie de lui, bah oui. Je balançais ma tête de haut en bas en rythme de la musique, comment ils appelaient ça déjà ? Ah oui, du headbanging !
Je me perdais complètement dans ce concert quand hélas, la première pause s'installa. Des fans hurlaient à ma gauche, et j'essayais de regarder, mais je ne voyais rien de spécial. A part peut être un guignol chauve qui distribuait je ne sais pas quoi. Attendez. Mais....Soudain, je réagi, et hurla de toutes mes forces, dérangeant même mon voisin. Le chauve se rapprocha, trop lentement à mon gout, et enfin, il me regarda. Je le vis me reluquer. Quoi papi, tu me kiffes ? Puis il se rapprocha de moi, plus précisément de mon oreille.
"Do you want to come backstage ?"
Oh putain !! YES ! YES ! YES !!! Je ne m'entendis pas crier ma réponse, puis il colla un truc triangulaire sur ma poitrine. Ça faisait con, mais tant pis, cette chose, aussi moche était-elle, était la clef du Paradis. Je ne pouvais pas le croire, non je ne pouvais pas avoir cette chance là !! J'allais voir MON groupe de près ! MON Till ! Oh mon Dieu, j'étais trop heureuse !
Je devais avouer que même le concert me paraissait long...Je voulais déjà être dans la même pièce que Till, je ne voulais plus attendre.
Mais enfin, au bout de quelques minutes, mon attente fut payante. Le même chauve vint cherche le joyeux petit groupe dans lequel je me trouvai, et nous demanda de le suivre. Je fus la première à lui emboiter le pas. Si les autres n'étaient pas pressés, je l'étais. Vous vous demandez peut être ce que j'ai fait du copain qui était avec moi ? Bah je l'avais laissé ! Il m'avait regardé avec des yeux envieux, mais aussi un regard moralisateur. Je lui demandai de m'attendre pendant une petite heure, tout en sachant très bien que l'after allait durer plus longtemps.
Bref, allons à l'essentiel. Je me retrouvais là, au milieu de cette pièce blanche, toujours entourée, mais je n'en avais que faire. Je me sentais seule au monde, et tant mieux pour moi. Soudain, une porte s'ouvrit, et deux membres du groupes firent leur entrée. Paul et Schneider. Je les fixai sans y croire. J'étais comme paralysée, incapable d'exprimer la moindre émotion, ni la moindre excitation. Malgré moi, je fis un pas vers eux, puis deux, alors que je me faisais passer, presque bousculée, par d'autres fans. J'eus envie de tous les flinguer, mais ils m'avaient au moins réveillé. Je me retrouvais enfin devant Paul, et dans un Anglais très approximatif entama la conversation.
"Hey hello...Euh...Thank you for the show, it was really good !"
Il me souriait et je crus fondre sur place. Même lui il était beau ! Il me répondit un "merci" en Français, et ne s'attarda pas trop sur moi. Tant pis, je ne savais pas quoi lui dire. Vint le tour de Schneider qui me regardait avec insistance. Il devait me trouver belle. Il s'approcha de moi :
"Hi. me dit-il.
-Hello.
-I've heard you liked the show ?"
Et je fondis de nouveau. Putain mais j'étais en chaleur ou quoi ? Je me détestais quand je réagissais comme ça. Nous continuions de papoter, quand la porte s'ouvrit encore. Mon c½ur se serra, et se desserra aussitôt quand je vis arriver le grand maigre dont je ne me rappelle jamais le nom, et le beau Richard. Je courus presque vers lui, et il rit quand il me vit arriver. Il avait un pet de travers lui ou quoi ? J'ouvris la bouche pour lui sortir le même baratin quand cette satanée porte s'ouvrit encore. Toujours les mêmes palpitations.
Je me retournai, et enfin mon c½ur me lâcha le temps d'une demi seconde. Devant moi, dans toute sa splendeur et toute sa beauté, se tenait mon homme, Till Lindemann. Je cru vivre un rêve. Il ne pouvait être réel. Je restais figée là comme une abrutie, devant lui, alors qu'il avait à peine levée les yeux sur moi. Puis il me fit un signe de la tête (je crus mourir un peu plus), me contourna, puis alla s'asseoir, évitant les connasses qui essayaient de le toucher. De quel droit elles voulaient le toucher !? Il était à moi ! Rien qu'à moi ! Mais je ne fis rien pendant de longues minutes. Soudain, je sentis une main sur mon dos. Je sursautai et posai mon regard sur la personne. Le grand maigre.
"Hab keine Angst vor ihm. Wirst mit ihm sprechen."
Puis il rit. Je n'avais rien compris, mais ça devait être drôle. Apparemment ma tête devait avoir quelque chose de risible, parce que le vieux rit de plus belle.
"Pardonne Flake, il ne parle pas Anglais. Il te dit que si tu veux voir Till, tu peux, il ne faut pas avoir peur..."
Richard venait de parler, pour mon plus grand bonheur. Puis une force inconnue me fit avancer vers le corps imposant de Till. Il leva les yeux vers moi. Je ne pouvais plus reculer, sinon j'aurai eu l'air conne. Je lui souris, il me le renvoya et je me sentis pousser des ailes. Puis je vis des yeux voyager sur mon corps et je souris de plus belle, sentant peu à peu la confiance monter en moi. Contrairement aux apparences, je n'avais pas perdu de vue mon objectif. Il allait être à moi. J'avais entendu dire qu'il fallait être direct avec lui. Je me plaçai à ses côtés et scruta mes ongles vernis. Je sentais le poids de son regard sur moi. Je ne pouvais m'empêcher de l'analyser. Ses mains se trouvaient des ses poches alors que j'avais envie de les voir.
"Merci Till pour ce concert."
Nos regards se croisèrent, et mon c½ur eut un raté. L'intensité dans ses yeux était innommable.
"Merci à toi d'être venue. Tu t'appelles comment ?"
Nous pouvions commencer les choses sérieuses.
"Elise."
Il
sembla réfléchir, et je me demandai alors s'il était en train de faire
le rapprochement entre les lettres et moi. Sans doute que oui...
"Comme la musique de Beethoven."
Qu'est-ce
qu'il me parlait de Beethoven lui !? Je connaissais le chien, et
vaguement le musicien, mais c'était quoi le rapport là ? Je
l'interrogeai du regard alors que le sien semblait rire.
"Oui sans doute. Tu as quelqu'un pour ce soir ?"
Merde,
il m'avait pris quoi là !? La phrase était sortie comme ça, sans que je
ne puisse la retenir. Je me sentais honteuse. Mais en même temps, la
machine était lancée, autant tenter le tout pour le tout. Mais le regard
moqueur qui me jeta me donna envie de hurler.
"Tu me parais un peu jeune, non ?"
Cette
phrase, sortie sous le ton de l'humour, me donna le premier coup de
poignard. Mais au lieu de réagir intelligemment, je lui répondais comme
une gamine.
"Je ne suis pas SI jeune que ça !"
Cette
fois, il rit. Et je fus blessée. Je venais de me prendre la honte, et
il ne se gênait pas pour se foutre ouvertement de ma gueule. Je haussai
le ton, oubliant encore et toujours les personnes qui étaient maintenant
en train de nous regarder.
"Ne me regarde pas comme ça Till ! J'en suis sûre que d'habitude tu n'es pas si regardant !"
Il
fut choqué. Bien fait. Puis il regarda derrière moi, en hochant la
tête. Je n'eus pas le temps de me retourner que je sentis alors deux
bras me prendre au niveau de la poitrine, pour me tirer en arrière. Je
hurlai, malgré la douleur atroce qui venait de se loger au creux de mes
poumons, me privant de tout air. Till ne me regardait pas, il avait
l'air de s'en foutre totalement, ou alors il n'osait pas. Je le
détestais. Alors que je n'avais toujours pas le contrôle de mes
mouvements, je crachais toutes les injures possibles et inimaginables,
pour être sûre qu'ils se souviennent de moi. Jamais on ne s'était moqué
de moi, jamais ! Et ce n'était pas lui qui allait être le premier ! Il
allait bientôt avoir encore de mes nouvelles, je me le jurais !
Ignorant
le regard méprisant de mon pote qui m'avait gentiment attendu, je
patientai, pas seule bien évidemment, devant un hôtel, SON hôtel.
Certaines groupies attendaient aussi, mais je refusais de me moquer
d'elles cette fois. Soudain, des cris. Sept gars venaient vers nous et
je les revis. Mais je ne ressentais plus cette excitation, j'avais juste
envie de revoir Till. Qu'il se rende bien compte de son erreur. Je
n'étais pas une gamine, et il avait eu tort de me considérer comme
telle. Il ne savait pas à côté de quoi il passait lui.
Ce
n'est qu'au bout d'un bon quart d'heure qu'enfin je le vis. Mais...qui
était cette personne avec lui. Mon palpitant se resserra au point de
vouloir hurler de douleur. Till était avec une femme, une fille qui
était en after avec nous. J'avais mal, très mal. Il passa à côté de moi,
et me regarda un instant. Il s'arrêta une seconde, les sourcils
froncés, puis rentra dans l'hôtel. Moi ? Moi, je pleurais, et je n'avais
même pas senti mes larmes couler. Ce n'était pas de la jalousie, non,
c'était bien plus que ça. Pourquoi l'avait-il choisi elle. Elle devait
avoir à peine deux ans de plus que moi, mais pourquoi elle !? D'un pas
lent, je quittai cet endroit horrible, ne voulant même pas penser à ce
qui allait se passer dans cette chambre d'hôtel.
Mon
c½ur était brisé. L'homme que j'aimais ne m'aimait pas. Qu'ai-je pu
être sotte ! Peut être que je ne méritais pas quelqu'un comme lui. Il
était trop parfait pour moi. Mais qu'est ce que je racontais moi !? Tous
les hommes me voulaient !! Pourquoi pas lui !? Parce qu'il était con !
Je le détestais ! Je ne voulais plus entendre parler de ce maudit groupe
!! et - MERDE UN CAMION !!
____________________________________________________
Mes
funérailles se déroulèrent trois jours plus tard. Jamais personne
n'avait su comment s'était passé cette journée qui aurait du être la
plus belle de ma vie. Mes parents ne s'en remirent pas. Mon père
retrouva le copain qui m'avait accompagné...mais il alla en prison pour
coups et blessures. Comme j'aimerais revenir parmi eux. M'excuser
d'avoir été une gamine gâtée, d'avoir été une sotte malgré tous les
avertissements que j'avais reçu. J'aimerais revenir parmi eux pour les
serrer une dernière fois dans mes bras. Revenir parmi eux pour leur dire
à quel point je les aimais, à quel point je tenais à eux.
Un matin, ma mère reçu une lettre : le dernier coup de couteau.
"Chère Elise.
Je
suis désolé de ne pas avoir pu te répondre plus tôt. Je suis très
flatté de recevoir ton attention. Je te souhaite de venir nous voir
aussi souvent que tu le peux.
Merci de ton soutien,
Amicalement,
Till Lindemann."
Elise était vraiment crédible du début à la fin. La lettre de Till est un peu hors caractère pour lui mais c'est une super fin. Ahhh la fameuse passe en triangle... J'en dirai pas plus lollll
RépondreSupprimerMerci pour ton commentaire !!
SupprimerJ'aime les triangles loooool
Pour ce qui est de la lettre de Till. Hors caractère certes, mais j'ai voulu une anecdote pour "foutre les boules" en fait lol