vendredi 9 novembre 2012

Evasion... Si seulement.


Je claquais la porte qui hurla sous ma force. Une fois de plus, mes collègues m’avaient énervé, et pourtant, je n’étais pas d’un tempérament explosif. Mais la tournée s’éternisait, mon chez-moi me manquait et le besoin de repos devenait de plus en plus intense.

La laine noire de mon bonnet épousait parfaitement mon crane à moitié dégarni, mais malgré cela, je grelottais. Paris au mois de Mars était insoutenable. Le froid saisissait mes entrailles et mes dents claquaient douloureusement. J’enfonçai mon nez plus profondément dans mon écharpe et accélérai le pas. Pour aller où ? Je ne le savais pas, mais j’avais besoin de m’aérer l’esprit, ou juste d’un bon café ‘incognito’.
Cela faisait maintenant dix bonnes minutes que je marchais sans savoir où j’allais, ni même où je me trouvais, quand j’entendis un cri étouffé. Je me retournai et compris qu’une fan qui venait de me croiser, m’avait reconnue.  Je ne m’attardais pas plus longtemps sur elle, et après un léger sourire, je décampai.
L’odeur plaisante du café tout juste fait apaisait quelque  peu mes maux de cœur, alors que je scrutais d’un air absent la couleur marron/dorée du liquide sacré. Des questions se bousculaient dans ma tête sans même que je ne puisse les retenir. Que foutais-je encore dans ce groupe ? Comment pouvais-je encore m’entendre avec ces personnes qui n’avaient plus aucun respect pour moi ? Encore qu’Oliver lui, n’avait pas de parti pris…
Je portai la tasse à mes lèvres quand mon regard croisa celui d’une femme dont le visage me laissa sans voix. Ses longs cheveux auburn tombaient en une cascade scintillante le long de son dos nu. Je me surpris à la regarder sans fin. Malheureusement, elle me remarqua et je dus détourner le regard. Je laissai le café réchauffer ma gorge endolorie par un rhume du pays, mais ce détail n’allait pas empêcher le concert de se dérouler dans les meilleures conditions. Comme à mes habitudes, j’allais sourire et rire à m’en déboiter la mâchoire, comme à mes habitudes, j’allais faire le pitre pour cacher mon mal-être…

Les cris des fans…et je descendais les marches des gradins avec mes collègues, ne voulant déjà plus attendre le début du concert. J’aimais ce moment solennel où nous étions unis comme jamais, sentant l’impatience et la passion des fans qui se déchainaient comme jamais.
Enfin arrivé à ma place habituelle et je pris alors le temps d’observer les nombreux visages qui me dévoraient des yeux. Je ne remarquai pas de suite cette jeune femme qui hurlait pourtant mon nom…Ce ne fut que sur une certaine chanson, « Asche zu Asche », où je me trouvais en face d’elle, que je la vis pour la première fois, ou plutôt la seconde fois. La femme du café… Je décidai alors de lui offrir un regard et un sourire, ça devrait lui suffire. Sa réaction ne se fit pas attendre, elle hurla de plus belle, me gratifiant de ses plus beaux sourires. Et pourtant, pour une raison que j’ignorais, je voulais la voir de plus près, savoir à quoi elle ressemblait derrière cette masse imposante de cheveux qu’elle remuait comme une forcenée. Une intro tranquille, et j’avais le temps d’aller la voir de plus près, cette femme. Discrètement, je me dirigeai vers elle, dans la fosse, elle ne me vit pas de suite. Ses yeux étaient rougis, et légèrement enflés, et j’en déduisis donc qu’elle avait du pleurer sur un de nos morceaux…  « Ohne Dich » peut-être…
Enfin, elle leva les yeux sur moi, et je pus clairement apercevoir un choc s’afficher sur son joli minois. Je ne m’attardais pas plus, et, après un énième sourire, je repartis en coulisses…

Je ne pouvais plus me retenir, je capturai ses lèvres dans un baiser passionné mais sans amour. J’étais en manque d’attention et cette jeune femme fraiche allait être mon jardin d’Eden pour la soirée. Elle m’avait attiré, presque aguiché, je me devais d’honorer ses attentes. Malgré mon apparente confiance, je me posai cependant des tonnes de questions. Cet homme qui étreignait le corps bien en chair de cette femme n’était pas moi. Un esprit semblait me posséder pour me libérer de toute cette pression. Mais lorsque je sentis ses mains glisser le long de mon dos pour achever leur périple sur ma chute de reins, je ne retins pas le frisson de plaisir parcourant ma peau. Et je ne répondis plus de rien. Je la laissai faire de moi ce qu’elle voulait. Sa bouche se perdit dans mon cou alors qu’elle retira, non sans mal, le bandeau qui me servait de collier. Je glissai mes doigts tremblants dans sa chevelure, me voulant sensuel pour satisfaire le désir de cette fille, mais lorsqu’elle se saisit de mes fesses, je compris que je n’allais pas assez vite pour elle. Je ne perdis plus de temps, et la poussai, tout en l’embrassant, contre une enceinte latérale, profitant du moment de répit des techniciens pour pouvoir assouvir mon fantasme. J’entendis le bruit de ma braguette, puis, sans même m’en apercevoir, je relevai la jupe de ma brunette, la remontant jusqu’à  sa taille, et la pénétrai.

Une fausse note, et lorsque je rouvris les yeux, je ne m’attendais pas à recevoir un regard plein de reproches de la part de Till, qui continuait tant bien que mal de suivre la cadence, malgré mon absence momentanée. Honteux de m’être laissé emporter, je n’osai plus regarder cette femme au premier rang, ne voulant plus me perdre à nouveau. Mais je ne pus retenir la chaleur rosée d’envahir mes joues, et fort heureusement, personne ne pouvait s’en apercevoir. Je repris l’air de rien la mélodie de ‘Ich Will’, riant de mon erreur, mais me sentant intérieurement immensément frustré. Jamais auparavant cela ne m’était arrivé, et je me laissais me demander comment une rencontre avec cette femme pouvait se dérouler avec des pensées si peu Catholiques… Je ne pouvais pas prendre le risque de la voir de plus près. Et pourtant, je laissai volontiers mon regard voyager de nouveau sur son décolleté plongeant…
Je me dégoutais d’agir ainsi, ce n’était pourtant pas mon genre, mais depuis près de trois longs mois à espérer oublier les dix dernières années de ma vie de couple, je ne pouvais me résoudre à rester seul, même pour une nuit. Till m’avait briefé pour pouvoir flâner de filles en filles sans culpabiliser, mais non, il fallait que je m’attache quelque peu. Mais ce soir, tout était différent. Cette fille, de par son mystère, m’avait attiré. Je voulais pourtant gouter chaque parcelle de son épiderme, mais je redoutais aussi le maléfice qu’elle pouvait m’infliger.

Je me surpris à lui sourire encore et je remarquai que ce geste ne la laissait pas indifférente. Voilà qui allait me simplifier la tâche. Après tout, pourquoi ne pas me contenter de l’avoir pour une nuit ? J’allais parler à la sécurité pour la faire venir en backstage, il fallait que je la touche…

Les salutations furent sans grandes émotions pour ma part, il me tardait déjà de sentir l’eau ruisselant sur ma peau, me décrassant de toute cette sueur. Pourtant, à peine sorti de scène, je me précipitai à côté des gradins où je la vis encore. Elle me tournait le dos et j’eus envie de hurler pour attirer son attention. Mais je n’en eus pas le temps ; elle se retourna, semblant chercher quelqu’un puis elle plongea son regard dans le mien. Je défaillis et lui offris un sourire d’automate. Mes pas agirent contre ma volonté et m’entrainèrent vers elle, quand soudain, je sentis une main sur mon épaule, suivie d’une étreinte que je reconnue d’entre mille.

« Alors Paul, tu traines pour voir les fans ? C’est rarissime chez toi ! »

Et je vis Richard repartir en direction de quelques groupies qui criaient son prénom, me faisant presque passer pour un clochard à côté. Enfin, je repérai un vigile qui scrutait attentivement tous les visages, voulant surement se débarrasser de ces quelques intruses. Mais lorsque je le vis se rapprocher de ma protégée, l’air sévère, je lui emboitai le pas, et vins à sa rencontre.
Il fut surpris de me voir mais compris que j’avais une requête à faire.

«Tu vois cette fille là-bas ? » Je pointais la charmante inconnue du doigt et je souris lorsque je la vis rougir. Elle n’osa cependant pas s’approcher. Le garde hocha la tête, reconnaissant la fille.

« Eh bien je la veux en backstage, c’est possible que tu contactes quelqu’un pour lui offrir un pass ? »

Il me répondit un ‘ok’ qui me fit froid dans le dos, puis il partit. Soudain, le monde s’arrêta autour de moi, elle se rapprochait de moi, d’une hésitation évidente. Mon rythme cardiaque rendait mes mouvements presque frénétiques, et je voulus fuir. Mais pourquoi ne pas agir en adulte ? Rassemblant le peu de courage qu’il me restait, je fis un pas vers elle, puis deux, enfin, nos deux corps ne se trouvaient qu’à quelques centimètres et je sentis une chaleur monter en moi. Je plongeai à nouveau mes yeux dans son décolleté et je ne retins pas mon esprit de s’imaginer la sensation de sa peau sous la paume de ma main…. Encore cette même chaleur… Il me fallait déguerpir avant de me retrouver dans une situation gênante.

Richard, toujours Richard, il ne pouvait pas se taire un peu lui… Mon cerveau était en ébullition et je voulais avancer dans le temps pour savoir si mon souhait avait été réalisé. Le couloir qui me séparait de ma mystérieuse femme ne fut cependant pas long, plus mon plus grand bonheur, mais le courage qu’il me fallut pour tourner la poignée en acier ne passa pas inaperçu.
« Bah qu’est-ce qu’il t’arrive Paul ? »

La voix de Schneider me sortit de ma torpeur alors que je ne trouvai pas de réponse à sa question. Je ne savais même pas quoi lui répondre, je n’avais même pas d’excuses valables. Cependant, il se chargea d’ouvrir la porte à ma place et j’eus un haut-le-cœur.
Je ne voulais pas la chercher de suite, mais l’envie me rattrapa et mes yeux scrutèrent la salle de fond en comble. Bien sûr, je fus secoué par des cris féminins, mais j’en m’en balançai, je la voulais elle. J’avançai dans l’espace clôt, ne sentant même plus les mains qui me frôlèrent, ne voulant uniquement le contact qu’avec ma brune. Soudain, je vis un ange. Appuyée contre le mur, elle semblait attendre, mais attendre quoi ? Moi ? Je ne voulais pas me confondre en faux espoirs tant que je ne l’avais pas eue. Il me fallait une tonne de volonté pour aller la voir pour de bon, sans fuir comme je l’avais fait plus tôt. Pourtant, en quelques secondes à peine, je me trouvais en face d’elle, et le sourire qu’elle m’offrit me remerciait de tous mes efforts.

« Am I here because of you? » me demanda t’elle dans un très bon Anglais.

Sa voix…merveilleuse bien qu’éraillée. Un détail plutôt normal quand je pensais aux cris qu’elle poussait pendant le concert. Mes joues brulaient de douleur à force de sourire, mais elle avait lancé la conversation, et quelle conversation…un sujet qui pouvait très bien partir pour moi.

« I asked for you to be here, indeed. I hope you’re enjoying yourself… »

Je ne contrôlais pas mes cordes vocales, elles se chargeaient de répondre à ma place, bien que je me sentais stupide. Elle ouvrit de nouveau la bouche, un flash argenté sur sa langue attirant mon attention, quand soudain une musique emplit la salle. Richard devait encore avoir fait des siennes…
Des cris stridents, et nous vîmes des groupies danser comme des perdues, se déshabillant pour la plupart. Je fus dégouté de toute cette mise en scène, mais ne dis rien. Puis je sentis une masse imposante derrière moi, puis une voix grave.

« Toi, suce ma bite. »

Till…j’aurai du m’en douter. Il venait de lancer cette phrase ridicule à ma brunette, il allait manger cher s’il partait avec. Malheureusement, je ne pus retenir cette pointe de jalousie et de crainte lorsque je vis le regard amusé et émerveillé de la fille.

« Please go empty your balls into someone else’s mouth Till. »

J’avalai ma salive de travers lorsqu’avec un calme absolu, l’inconnue répondit, le sourire toujours aux lèvres. Till soupira et ne s’attarda pas plus à nos côtés. Nous restâmes quelques longues secondes à se contempler, sans savoir que dire, puis, comme si les nerfs nous lâchaient, nous éclatâmes dans un fou rire sincère.

« You’ve got an amazing smile Paul… »

Je m’arrêtai sur le champ. Surpris de sa franchise, je me sentis rougir et baissa la tête. Elle venait de me faire un compliment, peut-être était-ce le début de quelque chose… d’une voix faible, je m’entendis lui demander.

« Thank you…What’s your name anyway? »

Elle me sourit encore et je fondis sur place. Je me sentais gonzesse en ce moment même mais ne fis rien de plus.

« Alice. »

Maintenant je pouvais poser un prénom sur ce si doux visage… Alice… Je regrettais presque ma curiosité, laissant échapper ainsi une part du mystère qui radiait autour d’elle. Mais je la voulais encore, et il fallait que je trouve quelque chose pour l’attirer vers moi, pour pouvoir la toucher.

« Wanna dance ? »

Elle m’avait pris de court. Mais j’acquiesçai, sans même savoir dans quel pétrin je m’étais fourré.
Nous nous retrouvâmes au beau milieu d’un champ de bataille, où Schneider semblait déjà avoir attrapé une jeune femme dans ses filets, Till avait disparu, de toute évidence pas seul, Richard quant à lui flânait, mais ne semblait pas avoir trouvé de proie pour lui…
Me souciant guère du regard de mes collègues, je pris Alice par la taille, ce qui sembla la faire réagir, bon point pour moi. Elle posa ses mains hésitantes sur mes épaules, et j’eus un frisson. Je ris de mon ridicule, elle ne semblait pas être aussi entreprenante que dans mon fantasme. Ma mission allait être plus dure… Avec un effort surhumain, je décidai alors de la faire balancer légèrement en rythme avec la musique, ma main descendant de plus en plus bas. J’osais espérer une réaction positive de sa part. Enfin, elle posa son front sur mon épaule, et je me risquai alors, à glisser une de mes mains dans une poche arrière de son Blue Jeans…Sa réaction fut immédiate, elle releva la tête, les yeux écarquillés, et j’eus peur de recevoir une gifle de sa part. Mais tout au contraire, elle serra son bassin contre le mien et je réprimai un gémissement lorsque je sentis mon entrejambe rentrer en contact avec le sien. Puis, elle se saisit de ma nuque et j’eus envie de l’embrasser. Il fallait que nous nous échappions de cet endroit. Je la sentis mordre le lobe de mon oreille, murmurant : « You want to go somewhere else ? »
Plus rien autour de nous ne comptait, et, malgré les regards meurtriers que nous recevions, je saisis Alice par la main, et l’entraina avec moi dans les loges…

Nos lèvres s’entrechoquèrent pour s’unir en un baiser fougueux  alors que je la poussai lentement vers le canapé qui n’attendait que nous. Lorsqu’elle s’apprêta à s’allonger, elle saisit ma ceinture, m’entrainant avec elle et bientôt, nos corps s’habillèrent de nos peaux mutuelles. A sa demande, je saisis ses jambes, et les passai autour de ma taille, et alors que je m’apprêtais à entrer en elle, je la sentis me griffer le dos, comme si elle voulait me posséder à présent. Je ne perdis pas plus de temps, voulant consommer mon désir depuis déjà trop longtemps, et m’engouffrai dans sa chaleur. La sensation fut exquise, elle épousait parfaitement mon corps alors que je gagnais en profondeur. Je m’attardai sur un détail qui redoubla mon envie d’elle ; ses seins se mouvaient au rythme de mes coups de rein, et je ne pus m’empêcher de les empoigner avec désir. Bientôt, nos soupirs emplirent la pièce alors que je m’attendais à exploser à tout moment. Mais elle n’était pas de cet avis, elle se releva, et je dus suivre le mouvement, et très vite, je me retrouvais assis sur ce même canapé alors qu’elle s’assit sur moi, me reprenant alors en elle. Elle se déhancha sensuellement et je la pris dans mes bras, ne retenant pas mes lèvres de voyager sur sa peau ardente. Je m’entendis gémir de plus belle alors que ma déesse accéléra la cadence, ses mains agrippant mes épaules pour garder son équilibre. Puis bientôt je sentis mon orgasme titiller mon ventre, menaçant alors d’interrompre nos ébats rapidement. J’empoignai soudain ses fesses, me montrant bien plus féroce que pendant ces dernières minutes et envoyais mes hanches en elle avec une telle force que même les Dieux ignoraient. Puis je cachai mon visage dans le cou d’Alice, voilant mes joues écarlates, et hurla mon plaisir…

Je rouvris les yeux, prenant alors mon courage à deux mains, répondant à la question de Schneider.
« Il n’y rien Doom, allez, on y va à cet after. »
Je saisis la poignée de la porte, l’ouvris et ne perdis pas la moindre seconde à la chercher dans la foule. Mon palpitant battant à tout rompre, je commençai à craindre l’éventualité que ce vigile fut un enfoiré de première classe.
« Paul !! Paul !!! »

J’entendis ces cris toute la soirée, mais manquais d’enthousiasme face à ce fanatisme. Malgré ma requête et ma recherche effrénée, elle n’était pas là… Elle allait rester un fantasme à jamais.

2 commentaires:

  1. Wouuuuuuuw, il fait chaud tout à coup ! Je dois t'avouer que j'ai vraiment cru que les scènes osées étaient réelles, surtout la dernière. Inutile donc d'expliquer ma surprise lorsque j'ai compris qu'il s'agissait en réalité de fantasmes ! Le titre de la nouvelle aurait pourtant pu me mettre la puce à l'oreille ... Mais va savoir, faut croire j'avais envie que ce soit vrai. Sympathique nouvelle en tout cas ! Osée comme je les aime. ^^

    (Au passage, c'est Aurélie, j'ai changé de pseudo)

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    1. Merci !!
      Hihi, le but de cette nouvelle était de frustrer les lecteurs autant que Paul ne l'est à la fin ^^ oui, rien de ceci n'est réel, tout se passe dans sa tête, et j'avoue que même moi j'ai eu des suées en écrivant les parties osées xD
      Encore merci !

      Ah eh merci d'avoir précisé qui tu étais, j'avoue mètre posée la question xDD

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