Natali Fohrman repassait inlassablement l’aspirateur dans la chambre 217, répétant sans enthousiasme le geste de vas-et-viens afin de se débarrasser des moindres particules de poussière qui trainaient, par miracle, encore sur le sol. Elle n’avait aucune idée de l’identité des clients pour lesquels elle était en train de se tuer à la tâche. La seule indication était l’immense désordre habituel qui régnait après chacun de leur passage.
La veille avait eu lieu la grande bataille d'Hiroshima dans la chambre voisine. Exceptionnellement, elle ne devait pas s’en occuper, mais Lilia, étant en congés maternité, Natali avait donc le double de travail, ce qui ne l’enchantait guère. En effet, ce matin même, elle venait de découvrir un champ de bataille parsemé de draps blancs tournant au grisâtre, d’habits sombres éparpillés de part et d’autre de la pièce, et de quelques serviettes de bain jetées à la va-vite sur le dossier d’une chaise. Natali en avait déduit, de par son intuition féminine, et surtout par fierté, que les clients devaient être des hommes, ou plutôt des garçons. Sans doute adolescents. Non, l’hôtel était un 4 étoiles, trop cher pour eux…ou alors des garçons, fils à papa et maman. Oui ça devait être ça. Deviner l’identité des personnes qui dormaient dans ces chambres était devenu un jeu amusant pour elle. Malgré le côté morose et « rabaissant » de son travail, comme ses proches le lui avaient gentiment fait remarquer, elle se complaisait à penser que sans ses doigts de fée, sans son huile de coude, ces personnes là vivraient mal leur séjour. Ainsi, elle participait, indirectement certes, au bien-être de ces gens-là, et cela n’avait pas de prix.
Mais la chambre dans laquelle Natali se trouvait, un calme
pesant régnait. ‘Les hommes’ s’étaient déjà chargés de ranger la pièce, lui
retirant alors la lourde tâche de s’en occuper. La femme de chambre restait
plantée là, ses pieds bien ancrés dans la moquette bleue marine, sans bouger.
Une sensation inconnue emplit alors ses entrailles : la gêne. Non, elle ne
voulait pas ressortir de cette chambre sans avoir apposé sa marque, sans avoir laissé
la preuve de son passage. Aussi, elle fouilla dans le fond de la poche de son
tablier, et en sortit deux petits paquets, chacun remplis d’un chocolat truffé.
Un sourire affiché sur son visage, elle les posa timidement sur les oreillers
du lit, et repartit.
[02h34]
Natali déambulait, lasse, vidée de toute énergie dans le couloir doré de l’Hôtel Southern-Wave. Sa journée fut longue et éprouvante, aussi, lorsqu’elle apprit, à la dernière minute bien évidemment, que son service se prolongeait jusqu’au petit matin, elle ne put réprimer le frisson de colère qui venait d’habiter son corps. Mais elle était bien peureuse. Elle ne pouvait pas rétorquer quoi que ce soit face aux airs supérieurs et sévères de son patron. Elle s’était contentée de sourire, malgré ses muscles faciaux endoloris, et avait hoché la tête, sans mot dire.
Veilleuse de nuit. Voilà quelle était sa plus grande crainte. Non pas que Natali était phobique de toutes les actions nocturnes, loin de là, mais elle n’aimait guère jouer les nounous des clients remplis de beuveries, qui rentraient à point d’heure.
Assise sans enthousiasme dans son siège en cuir glacé, elle regardait son planning sans même le voir. Elle n’avait pas fini de souffrir. Mais heureusement pour Natali, elle n’avait pas de famille à qui manquer.
Soudain, des rires et des cris rauques firent sursauter la jeune femme de 27 ans. N’attendant pas une seule seconde, elle replaça ses cheveux sous son chapeau d’uniforme bleuté, et afficha un sourire d’automate aux clients qui venaient de rentrer, sans la moindre discrétion. Mais à la vue de ces hommes, d’apparence mûre, son cœur eut un raté. Elle prit peur de n’être qu’une femme au milieu de tous ces gens. Oh, bien sûr, elle ne rêvait pas, personne n’allait la remarquer derrière sa vitre d’accueil. Et pourtant.
Ils étaient 9, tous de taille imposante, tous d’une allure froide et repoussante. L’un d’entre eux leva les yeux sur elle, et son corps fut meurtri sous l’intensité du regard. Elle baissa les siens, balbutiant un « Passez une agréable nuitée » qui passa cependant inaperçu. Fort heureusement, un autre homme, d’une taille moins grande, força un sourire qui se voulait de toute évidence rassurant, alors qu’il penchait la tête en guise de salut. Malgré la froideur apparente de ces gens, Natali doutait de la moindre méchanceté venant d’eux. « Des Divas sans doute », pensait-elle. Et elle n’était pas si loin de la vérité, même si elle ne le savait pas encore.
Natali déambulait, lasse, vidée de toute énergie dans le couloir doré de l’Hôtel Southern-Wave. Sa journée fut longue et éprouvante, aussi, lorsqu’elle apprit, à la dernière minute bien évidemment, que son service se prolongeait jusqu’au petit matin, elle ne put réprimer le frisson de colère qui venait d’habiter son corps. Mais elle était bien peureuse. Elle ne pouvait pas rétorquer quoi que ce soit face aux airs supérieurs et sévères de son patron. Elle s’était contentée de sourire, malgré ses muscles faciaux endoloris, et avait hoché la tête, sans mot dire.
Veilleuse de nuit. Voilà quelle était sa plus grande crainte. Non pas que Natali était phobique de toutes les actions nocturnes, loin de là, mais elle n’aimait guère jouer les nounous des clients remplis de beuveries, qui rentraient à point d’heure.
Assise sans enthousiasme dans son siège en cuir glacé, elle regardait son planning sans même le voir. Elle n’avait pas fini de souffrir. Mais heureusement pour Natali, elle n’avait pas de famille à qui manquer.
Soudain, des rires et des cris rauques firent sursauter la jeune femme de 27 ans. N’attendant pas une seule seconde, elle replaça ses cheveux sous son chapeau d’uniforme bleuté, et afficha un sourire d’automate aux clients qui venaient de rentrer, sans la moindre discrétion. Mais à la vue de ces hommes, d’apparence mûre, son cœur eut un raté. Elle prit peur de n’être qu’une femme au milieu de tous ces gens. Oh, bien sûr, elle ne rêvait pas, personne n’allait la remarquer derrière sa vitre d’accueil. Et pourtant.
Ils étaient 9, tous de taille imposante, tous d’une allure froide et repoussante. L’un d’entre eux leva les yeux sur elle, et son corps fut meurtri sous l’intensité du regard. Elle baissa les siens, balbutiant un « Passez une agréable nuitée » qui passa cependant inaperçu. Fort heureusement, un autre homme, d’une taille moins grande, força un sourire qui se voulait de toute évidence rassurant, alors qu’il penchait la tête en guise de salut. Malgré la froideur apparente de ces gens, Natali doutait de la moindre méchanceté venant d’eux. « Des Divas sans doute », pensait-elle. Et elle n’était pas si loin de la vérité, même si elle ne le savait pas encore.
[4h52]
Natali s’endormait sur son bureau. Oui, elle avait honte de
s’être laissée entrainée par Morphée, mais cet homme-là était si
irrésistiblement attirant pour elle, qu’elle ne put s’empêcher de le suivre.
Soudain, une main vint la sortir de son sommeil pourtant agité. La jeune femme
sursauta, saisissant son chapeau qui était tombé pendant sa courte sieste, et
le replaçant à la hâte sur sa tête affolée. Lorsqu’elle reconnut sa collègue,
Irna, le soulagement emplit tout son être. Irna, quant à elle, riait aux éclats
voyant la triste mine endormie de Natali.
« Je…Je suis désolée…Je n’aurais pas du m’endormir..je-
-Tu es une humaine Nat. Tu as le droit d’être fatiguée après
la journée que tu viens de passer. »
Irna, 43 ans, était une femme d’une gentillesse inégalée.
Cela faisait maintenant plus d’une dizaine d’années, ce qui faisait d’elle la
doyenne de cette entreprise. Malgré la différence d’âge qui séparait les deux
collègues, une amitié pure les liait. Mais Natali ignorait tout du lien presque
maternel qu’éprouvait Irna à son égard. Elle se ressaisit rapidement, et
demanda qu’elle fût la raison de sa venue.
« Chambre 217…Un client réclame un petit service… Je
m’occupe déjà de la 220, est ce que tu peux t’en charger s’il te
plait ?
-Oh, oui bien sûr ! »
Puis elle se leva, l’air presque enjoué après cette insomnie
– partielle – à ne rien faire de sa vie. Puis la jeune femme prit tout le
nécessaire à service client, et s’engagea dans l’ascenseur. ‘TING’ les portes
s’ouvrent, et Natali poussa le chariot le long du couloir, ne comptant même
plus les chambres ; elle les connaissait par cœur. Malgré son attention
toute particulière, elle ne vit pas l’homme débouler de la chambre de droite,
lui rentrant dans les côtes de plein fouet. Natali gémit de douleur, mais ne
put réprimer les larmes qui se mirent à briller dans ses orbites, éclaircissant
ses iris verts. Elle se sentait honteuse et sotte, tellement qu’elle ne
s’excusa pas de suite. Ce n’était que lorsque la personne avec laquelle elle
venait de rentrer en contact l’aida à ramasser le matériel qui était tombé du
chariot, qu’elle réalisa.
« Oh je suis tellement, vraiment désolée. Je suis maladroite, vraiment navrée… »
« Oh je suis tellement, vraiment désolée. Je suis maladroite, vraiment navrée… »
L’homme l’observa, un air amusé clairement affiché sur son
visage. Puis Natali leva les yeux sur lui. Ses yeux s’écarquillèrent presque de
stupeur tellement cet homme était beau. Il avait un foulard beige enroulé
autour du crâne et son minois enfantin mit du baume au cœur de Natali. Il lui
sourit, et quel sourire. Des fossettes le rendaient terriblement séduisant et
la femme voulut se claquer pour détourner le regard. Seulement elle ne pouvait
pas, elle ne voulait pas. Dans toute sa carrière de femme de chambre, jamais
elle n’avait regardé un client de la sorte. Mais il était magnifique, et en
tant que femme, elle avait le droit d’apprécier les bons côtés de son métier,
aussi ennuyeux était-il.
« Vous comptez me dévisager toute la nuit ou vous
voulez bien m’aider ? »
Même sa voix la transcendait. Pourtant, son cerveau mit bout
à bout toutes les informations qu’il venait d’entendre, et Natali sentit le
rouge lui monter aux joues. Elle s’empressa de faire le tri des pinceaux et des
services en argent qui étaient restés au sol, et les plaça dans un bac prévu.
Ils se relevèrent simultanément et restèrent quelques bonnes secondes sans rien
dire. Enfin, la femme de chambre se souvint de la mission qui lui était donnée,
et repartit en direction de la chambre 217…
Elle frappa à la porte, trois coups timidement donnés pour éviter de réveiller les clients voisins. Aucune réponse. Elle réessaya…et toujours pas de réponse.
Elle frappa à la porte, trois coups timidement donnés pour éviter de réveiller les clients voisins. Aucune réponse. Elle réessaya…et toujours pas de réponse.
« Décidément, nos chemins sont faits pour se croiser à
ce que je vois. »
Natali ne compta plus le nombre de fois où elle sursauta dans la journée. Une énième fois, son cœur eut un raté, lorsqu’elle se retourna. Le bel homme se tenait là, devant elle, et elle s’aperçut qu’il était à peine plus grand qu’elle… Elle haussa les épaules, ses sourcils se fronçant. Il comprit et sourit.
Natali ne compta plus le nombre de fois où elle sursauta dans la journée. Une énième fois, son cœur eut un raté, lorsqu’elle se retourna. Le bel homme se tenait là, devant elle, et elle s’aperçut qu’il était à peine plus grand qu’elle… Elle haussa les épaules, ses sourcils se fronçant. Il comprit et sourit.
« C’est ma chambre. Et je pense comprendre que vous
êtes la personne que j’ai réclamé il y a de ça un bon quart d’heure… »
Le ton de sa voix n’était même pas froid. Au contraire Natali pouvait déceler une pointe d’humour et elle sentit ses lèvres s’étirer en un sourire sincère.
Le ton de sa voix n’était même pas froid. Au contraire Natali pouvait déceler une pointe d’humour et elle sentit ses lèvres s’étirer en un sourire sincère.
« Pardonnez ma stupidité Monsieur, mais que
vouliez-vous ? Ma collègue ne m’en a pas informée. »
La femme se demandait d’où venait cette force qui lui avait
fait retrouver sa voix. Ses cordes vocales semblant s’être désintégrées ses dernières
minutes, elles venaient de refaire leur apparition, pour le plus grand bonheur
du bonhomme qui souriait de plus belle. Il fit un geste de la main, lui
demandant de s’écarter, et ouvrit la porte. Natali fut étonnée de constater que
la chambre était vide, aucun autre client en vue. Et, soudainement, la
réalisation. Ce même homme, aussi charmant était-il physiquement, était aussi
très soigné. Tout pour plaire. Et elle se sentit défaillir.
Il s’assit sur son lit, de déchaussant avec un soupir de soulagement,
puis regarda à nouveau la femme qui se trouvait dans sa chambre. Elle était
belle, malgré son apparence trop soignée à son gout. Il n’avait pas répondu à
sa question, apeuré à l’idée de faire mauvaise impression. Mais elle réitéra sa
demande, et il se sentit pris au piège, comme au pied du mur.
« Je ne voulais pas grand-chose qui nécessitait un
chariot vous savez. Je suis un insomniaque, et j’avais juste besoin de
compagnie. »
Son rythme cardiaque s’accéléra lorsqu’il vit les yeux de la
femme de chambre s’ouvrir comme des grosses billes. Il craignit un refus, et
elle aurait raison. Aussi il se sentit dans l’obligation de se justifier.
« Ne vous y méprenez pas. Ce ne sont pas des avances
que je vous fais. Je veux juste de la compagnie…Pour…discuter. »
Elle sourit. Mais ne bougea pas d’un pouce. Pire qu’un mur
cette femme, elle n’allait pas attaquer la conversation, encore moins pour un
caprice de Diva.
« Puis-je vous demander votre nom ? Le mien est Paul. »
« Puis-je vous demander votre nom ? Le mien est Paul. »
Elle fit quelques pas vers lui, l’analysant de ses pupilles
dilatées. Il sentit bien qu’elle hésitait, pourtant, il n’avait aucune mauvaise
intention. Au contraire, si cette femme se montrait aussi gentille qu’elle en
avait l’air, il pourrait même lui donner un excellent pourboire. Enfin, au bout
de quelques longues minutes, elle vint d’asseoir, assez loin de lui toutefois,
et parla.
« Mon nom est Natali. »
Natali, maintenant il pouvait la nommer. Il la scruta, il ne
pouvait s’en empêcher, rendant la femme mal à l’aise malgré lui, mais il le
fallait. Question de principe. Une tension agaçante vint s’installer entre les
deux. Paul, de son côté, se questionnait sur la fiabilité de sa requête.
Soudainement, il doutait de lui. Natali, elle, ne pouvait croire à un homme
honnête, sans mauvaise arrière-pensées. Jamais personne ne lui avait proposé de
passer du temps avec lui, sans intentions douteuses, encore moins à cette heure
plus qu’avancée de la nuit. Pourtant, malgré toute la réticence que son cerveau
lui dictait, elle le dévisagea encore un peu. S’imprégnant des courbes de son
visage, n’osant pas repousser les limites du voyeurisme, elle se limita à sa
nuque. Il avait une fine barbiche qui épousait son menton, lui rendant bien
quelques années de plus à son compteur. Elle n’avait aucune idée de la vie de
cet homme, mais curieuse, elle se risqua à lui demander.
« Pardonnez mon impudence, mais que faites-vous dans la
vie Monsieur… ?
-Landers. Mais appelez-moi Paul, je préfèrerais. »
Natali hocha la tête, les pommettes se tintant de rouge.
Paul lui, la scrutait toujours. Le chapeau de la ‘demoiselle’ –comme il aimait bien le penser- s’était légèrement décalé vers la droite, laissant tomber une fine mèche de cheveux bruns. Il se mordit les lèvres pour ne pas craquer sous cet aspect plus qu’attendrissant de la jeune femme. Dans son analyse, il se surprit à tester ses capacités à donner des âges. Il lui donnait peut être la trentaine, à la vue des quelques rides qui ornaient le bord de ses yeux. D’un air tout à fait absent, il souriait.
Paul lui, la scrutait toujours. Le chapeau de la ‘demoiselle’ –comme il aimait bien le penser- s’était légèrement décalé vers la droite, laissant tomber une fine mèche de cheveux bruns. Il se mordit les lèvres pour ne pas craquer sous cet aspect plus qu’attendrissant de la jeune femme. Dans son analyse, il se surprit à tester ses capacités à donner des âges. Il lui donnait peut être la trentaine, à la vue des quelques rides qui ornaient le bord de ses yeux. D’un air tout à fait absent, il souriait.
« Ma vie n’a pas grande importance vous savez.
Parlez-moi plutôt de vous, je suis curieux. »
Elle eut un mouvement de recul, à quelques exagérations
près. Pourtant, et sans contraintes, elle répondit sincèrement.
« Je travaille ici depuis bientôt 3 ans. J’ai quitté l’Allemagne
à l’âge de 19 ans pour vivre ici, en France-
-Oh, vous êtes Allemande vous aussi ? l’interrompit-il.
-Oui je suis née à Leonberg. Je disais donc, je suis venue
vivre en France après un gros conflit avec mes parents qui m’ont mise à la
porte. J’ai bossé un peu n’importe comment pendant pas mal d’années, mais
finalement, je me suis ‘calée’ pour travailler ici. Voilà tout. »
Après son monologue, Natali se sentit plutôt crispée. A
travers ses yeux mis clos, Paul n’avait, à aucun moment, détourné le regard. Comme
une pauvre antilope perdue au milieu de la savane, elle ne savait plus où se
mettre, ni même où poser ses yeux.
Paul se coucha, passant ses mains derrière sa nuque. Il ferma les yeux et apprécia le doux parfum féminin qui commençait à emplir la pièce. La jeune femme ne perdit pas une miette des petits centimètres de peau que son débardeur avait laissé dévoiler en se relevant. Elle jura intérieurement, se moquant de sa médiocrité en sociabilité. Elle voulait pourtant faire plus ample connaissance avec cet homme, qui était presque tout livré à elle.
Paul se coucha, passant ses mains derrière sa nuque. Il ferma les yeux et apprécia le doux parfum féminin qui commençait à emplir la pièce. La jeune femme ne perdit pas une miette des petits centimètres de peau que son débardeur avait laissé dévoiler en se relevant. Elle jura intérieurement, se moquant de sa médiocrité en sociabilité. Elle voulait pourtant faire plus ample connaissance avec cet homme, qui était presque tout livré à elle.
« J’aimerais pourtant vraiment savoir ce que vous
faites dans la vie. Vous savez un minimum sur moi à présent. Pourquoi n’aurais-je
pas le droit d’en avoir les mêmes droits ? »
Il gardait les yeux fermés. Pourtant, il tapota à côté de
lui, sa requête silencieuse pourtant évidente. Natali hésita. Dans son contrat,
il était stipulé qu’aucune proximité avec les clients n’était tolérée. Hors,
cette personne venait de lui demander, ou plutôt de lui faire comprendre, qu’il
aimerait bien qu’elle s’installe à côté de lui.
Une force inconnue a renvoyé son corps à seulement quelques centimètres
de celui de Paul. Mais celui-ci gardait son obscurité intérieure d’actualité.
Il ne la regardait pas. Gardant le maximum de distance possible, elle écouta
Paul entamer son récit.
« Je suis Allemand aussi. Mon enfance n’a rien de
palpitant. Je ne suis pas né en Allemagne. Et si je suis ici, c’est pour des
raisons professionnelles.
Il soupira.
-Vous faites quoi comme métier ? » Demanda t’elle.
Cette fois, il ouvrit les yeux. Apparemment surpris. Puis il
sourit de plus belle, devenant presque irrésistible pour la femme.
-Vous ne me connaissez pas donc, je présume.
Natali fronça les sourcils.
-Le devrais-je ? » Insista t’elle, perplexe.
Un moment de silence. Et Paul se mit sur le côté, se
rapprochant d’elle. Il vit Natali observer leurs mains qui n’étaient maintenant
qu’à 5 petits centimètres.
« Je suis guitariste dans un groupe. Un groupe plutôt
connu pour les connaisseurs du genre. »
Cette phrase fut le commencement de tout entre Paul et
Natali. Dès lors, tous les soirs et ce pendant 4 jours, ils se retrouvaient en
chambre 217. Natali comprit bientôt que cet homme était d’une gentillesse
démesurée. Ils rirent un moment quand elle fit comprendre qu’ils n’étaient que
des ‘rock stars’. Jamais elle n’avait tenté de rechercher d’avantage sur lui.
Même s’il lui avait fait comprendre que pour mieux le connaitre, Internet
serait son ami.
Une nuit, Natali ne fut pas veilleuse, et Paul s’inquiéta.
Seul dans sa chambre, il se posait des tas de questions. Par pudeur, et pas
réserve, ils n'avaient pas échangés leurs numéros, mais il le regrettait
presque maintenant. Il aurait voulu l’appeler pour savoir. Savoir où elle se
trouvait. Ce qu’elle faisait. Sans même comprendre, il était devenu addict à
cette femme. Sans en tomber amoureux toutefois.
Une nuit, alors qu’ils discutaient encore et toujours, Paul avait tenté une approche physique. Natali, qui s’était elle aussi allongée sur son côté droit, le regardait, une lueur indescriptible illuminant son visage. Paul, attendri, glissa ses doigts sur la joue de la jeune femme, les laissant trainer sur sa nuque. Elle n’eut aucun mouvement de recul, aucun signe de déplaisance. Il aurait tant voulu l’embrasser, mais ce fut sans compter sur cet imbécile heureux de Till, rentrant en trombe dans la chambre, lui demandant « s’il avait une capote ». Rajoutant en repartant, d’un rire gras, que de toute façon, il n’avait pas sa taille… Paul priait pour que Natali ne sache pas parler Allemand. Hors, lorsqu’il eut entendu son rire cristallin, il comprit que la jeune femme avait tout compris.
Une nuit, alors qu’ils discutaient encore et toujours, Paul avait tenté une approche physique. Natali, qui s’était elle aussi allongée sur son côté droit, le regardait, une lueur indescriptible illuminant son visage. Paul, attendri, glissa ses doigts sur la joue de la jeune femme, les laissant trainer sur sa nuque. Elle n’eut aucun mouvement de recul, aucun signe de déplaisance. Il aurait tant voulu l’embrasser, mais ce fut sans compter sur cet imbécile heureux de Till, rentrant en trombe dans la chambre, lui demandant « s’il avait une capote ». Rajoutant en repartant, d’un rire gras, que de toute façon, il n’avait pas sa taille… Paul priait pour que Natali ne sache pas parler Allemand. Hors, lorsqu’il eut entendu son rire cristallin, il comprit que la jeune femme avait tout compris.
Cette nuit était la dernière où Paul résidait dans cet
hôtel, mais Natali ne le savait pas. Malgré son ignorance, une sensation
étrange s’imprégna de son bas ventre. Un manque inavoué faisait son apparition,
et elle tenta tant bien que mal de le dissimuler. Irna, sa collègue avait bien
remarqué le changement dans le comportement de sa protégée. Elle savait qu’un
homme y était pour quelque chose, mais lequel ? Natali bossait jour et
nuit, ne se reposant que très rarement…à moins que.
[3h19]
Natali frappa, comme chaque soir, à la porte de la chambre
217. Une boule d’excitation et d’angoisse vint s’installer dans ses intestins,
la rendant immobile. En effet, la veille, Paul et elle ne s’étaient pas vus. Et
elle avait pensé à lui toute la journée, n’en dormant même plus la nuit. Elle
avait voulu sentir la chaleur de son corps enrober le sien. Elle avait voulu
entendre la voix de cet homme qu’elle commençait à chérir lui raconter ses
histoires farfelues de tournées. Elle avait voulu sentir encore ses doigts sur
sa joue, tentant timidement un rapprochement qui ne lui avait pas échappé.
Perdue dans ses pensées, elle n’entendit pas les bruits de pas se rapprocher d’elle, à travers la porte. Puis, lorsqu’enfin, elle le revit pour le première fois depuis 2 jours, elle réprima l’envie de lui sauter au cou. Mais ce que fit Paul la prit de cours. Il saisit la nuque de la jeune femme, la rapprochant de lui, et déposa un baiser tendre sur son front. Un geste presque paternel qui cachait une toute autre chose…
Perdue dans ses pensées, elle n’entendit pas les bruits de pas se rapprocher d’elle, à travers la porte. Puis, lorsqu’enfin, elle le revit pour le première fois depuis 2 jours, elle réprima l’envie de lui sauter au cou. Mais ce que fit Paul la prit de cours. Il saisit la nuque de la jeune femme, la rapprochant de lui, et déposa un baiser tendre sur son front. Un geste presque paternel qui cachait une toute autre chose…
Natali observa l’homme qui se tenait en face d’elle.
Apparemment, il venait de prendre une douche ; ses cheveux étaient encore
mouillés et une goutte d’eau courageuse venait d’achever son périple sur le
bord de son tee-shirt.
« Tu m’as manqué ici, tu sais ? »
Le cerveau nocturne de la femme mit un peu de temps avant de
réaliser ce que Paul venait de dire. Alors que lui vint s’installer sur son
lit, un sourire de suffisance affiché sur son visage, Natali, elle, n’avait pas
bougé d’un pouce.
« Tu…Tu ne viens pas me rejoindre ? »
La voix hésitante de Paul la sortit de la torpeur, et ses
pas la guidaient enfin jusqu’à lui. Sans savoir pourquoi, elle sentait que qu’une
chose anormale se préparait. Elle se coucha à côté de Paul qui la regardait
avec insistance. Le silence entre eux était pesant, et la maladresse était
palpable. Puis, chose tout à fait surprenante, Paul se saisit de la main de
Natali, et entrelaça ses doigts avec les siens. Leurs rythmes cardiaques
battaient un tempo frénétique, et tous deux sentirent une irrésistible envie de
se rapprocher.
« Tu m’as manqué aussi Paul. »
Leurs visages se rapprochèrent, et le cœur de Natali eut un
raté. Jamais auparavant Paul n’avait fait ce genre de geste. Elle le sentait,
ils voulaient s’embrasser, mais il fallait qu’un des deux ne fasse le premier
pas.
« Qu’as-tu fais de beau hier ? demanda t’elle.
-Que de banalités. Ecoutes, demain je ne serais plus là. Je
veux profiter de ta présence au maximum… »
Malgré cette dernière phrase qui laissait présager le pire,
Natali eut un réflexe tout à fait animal. Elle prit Paul dans ses bras. Pendant
une ou deux secondes, il ne fit rien, puis enfin, il glissa ses mains sur la
taille de la jeune femme, resserrant leurs corps. Sans le savoir, les mêmes
questions se bousculaient dans leurs têtes. ‘Pourquoi éprouver un tel désir
pour une personne dont on connait si peu ? Est-ce que je peux tenter
quelque chose sans passer pour un/une con/ne ? Allez, il faut que je l’embrasse,
c’est maintenant ou jamais.’
L’intensité de leurs questions fut brève, car, instantanément, ils se ruèrent l’un sur l’autre, goutant chacun au gout de leurs lèvres. Les doigts de Paul voyagèrent dans la chevelure de Natali, pendant que les siens saisirent les épaules musclés de l’homme, le ramenant sur elle. Oh, elle savait ce qu’elle faisait, malgré les réticences de sa conscience. Elle avait envie de lui, depuis le premier jour. Elle ne se leurrait pas, il n’allait pas être à elle. Dès le lendemain il allait disparaitre de sa vie, à jamais. Cette pensée négative lui procura des frissons que Paul prit pour du plaisir. Dans son cerveau à lui, c’était la guerre. Des milliers d’obus lui barraient la raison, l’empêchant de se poser plus de questions.
L’intensité de leurs questions fut brève, car, instantanément, ils se ruèrent l’un sur l’autre, goutant chacun au gout de leurs lèvres. Les doigts de Paul voyagèrent dans la chevelure de Natali, pendant que les siens saisirent les épaules musclés de l’homme, le ramenant sur elle. Oh, elle savait ce qu’elle faisait, malgré les réticences de sa conscience. Elle avait envie de lui, depuis le premier jour. Elle ne se leurrait pas, il n’allait pas être à elle. Dès le lendemain il allait disparaitre de sa vie, à jamais. Cette pensée négative lui procura des frissons que Paul prit pour du plaisir. Dans son cerveau à lui, c’était la guerre. Des milliers d’obus lui barraient la raison, l’empêchant de se poser plus de questions.
Il brisa le lien qui les unissait, pour prendre le temps d’observer
la créature somptueuse qui se tenait sous lui, essoufflée. D’une tendresse
absolue, il lui caressa les cheveux, et déposa un baiser à couper le souffle
sur sa bouche brulante d’anticipation. Bientôt, les lèvres de Paul traversèrent
la nuque de Natali, pour achever leur voyage sur le décolleté de la jeune femme
qui frémit. Puis il releva la tête.
« Tu veux… ? »
Elle sourit, et d’un geste délicat, elle replaça la tête de Paul dans sa poitrine qui n’attendait que la tendresse de cet homme. Il débarrassa Natali de ses habits, une subtilité dans ses mains expertes que même lui ignorait. Prise de pudeur, elle eut le réflexe de se cacher les seins, exposés sous le regard intéressé de Paul. Mais trop tard, il venait déjà de relever la jupe bleue marine de Natali au niveau de sa taille, ne voulant apparemment pas la dénuder entièrement. Il passa ses mains sur les bas couleurs chair de Natali, les remontant jusqu’à ses fesses. Il s’insultait intérieurement pour son manque de tact, quand il l’entendit gémir de protestation, mais il ne s’arrêta pas pour autant, tout à fait conscient de leur désir commun.
Natali se laissait toucher, appréciant la subtilité de Paul, malgré son soudain empressement lorsqu’elle le vit retirer son tee-shirt, suivi de son pantalon noir. Elle ne risqua pas cependant, de regarder cet endroit si interdit pour elle, cet endroit qu’elle voulait pourtant connaitre pour apprécier entièrement cet homme qui venait de reprendre place sur son corps.
Elle sourit, et d’un geste délicat, elle replaça la tête de Paul dans sa poitrine qui n’attendait que la tendresse de cet homme. Il débarrassa Natali de ses habits, une subtilité dans ses mains expertes que même lui ignorait. Prise de pudeur, elle eut le réflexe de se cacher les seins, exposés sous le regard intéressé de Paul. Mais trop tard, il venait déjà de relever la jupe bleue marine de Natali au niveau de sa taille, ne voulant apparemment pas la dénuder entièrement. Il passa ses mains sur les bas couleurs chair de Natali, les remontant jusqu’à ses fesses. Il s’insultait intérieurement pour son manque de tact, quand il l’entendit gémir de protestation, mais il ne s’arrêta pas pour autant, tout à fait conscient de leur désir commun.
Natali se laissait toucher, appréciant la subtilité de Paul, malgré son soudain empressement lorsqu’elle le vit retirer son tee-shirt, suivi de son pantalon noir. Elle ne risqua pas cependant, de regarder cet endroit si interdit pour elle, cet endroit qu’elle voulait pourtant connaitre pour apprécier entièrement cet homme qui venait de reprendre place sur son corps.
Bientôt, et trop rapidement pour Natali, Paul entra en elle,
soupirant dans ses oreilles, et, après une petite seconde d’hésitation, entama
des vas-et-viens divins. Elle ne perdit pas de temps pour enrouler ses jambes
autour de la taille de son amant, lui offrant toute sa profondeur, et se saisit
de ses épaules luisantes et musclées, afin de ne pas perdre pied sur le chemin
du plaisir.
Au bout de quelques minutes, Paul planta sa tête au creux de
l’épaule de Natali, et gémit, ne cachant pas le frisson qui venait de traverser
son corps. Leurs peaux s’étaient couvertes d’une fine couche de sueur,
humidifiant alors les draps insolents qui restaient attachés à eux.
[6h47]
Soudain, le téléphone portable de Paul vibra. Transis, il se
retira de nouveau de Natali et saisit son portable à la va vite. « Répondeur,
un correspondant a cherché à vous joindre sans laisser de message… » Son
teint blêmi à la vue du numéro, mais il ne dit rien.
Ce n’est que quelques minutes plus tard, qu’hélas, la
crainte de Paul se concrétisa. Alors que Natali s’était réfugiée dans ses bras,
sa tête posée sur son torse, la porte de la chambre s’ouvrit. La vision d’horreur
était une femme d’un mètre soixante-cinq environ. Des longs cheveux auburn
arrivant à sa taille, une grimace de douleur s’inscrivant sur son visage
pourtant d’apparence si douce… Paul ne prit même pas la peine de s’acquitter de
sa faute, sa femme, voyant cette scène, le pointa du doigt, l’air soudainement
menaçant.
« Il suffit Paul, je suis lasse de tes conneries. Tu
recevras les papiers du divorce… »
Tu avais peur que cette nouvelle soit bien trop longue et ennuyeuse à lire ? Et bien détrompe-toi : ça n'a pas été du tout le cas ! Bien au contraire, j'ai pris tellement de plaisir en la lisant qu'une fois arrivée en bas de la page, je me suis dit : « Déjà ? ». Je pense que tu auras donc deviné que j'ai beaucoup aimé cet écrit. Ton style d'écriture me plaît énormément. Tu réussis là où d'autres échouent : rendre des moments « calmes » intéressants. Raconter le petit train quotidien de Natali aurait pu provoquer un effet lassant pour le lecteur mais grâce à la tournure de tes mots, tu es parvenue à nous faire rentrer immédiatement dedans.
RépondreSupprimerCe petit jeu de séduction qui perdure sur plusieurs nuits ; ce désir inexplicable que l'on éprouve pour une personne quasiment inconnue ; laisser enfin parler cette pulsion ... À mes yeux, Paul et Natali sont incroyablement attendrissants. À la fin, j'ai même ressenti de la peine pour Paul alors que c'est plutôt envers sa femme que je devrais ressentir ça (d'ailleurs, je trouve que tu as le don de terminer les nouvelles sur une note à laquelle on ne s'attend pas forcément). On s'attache à ces deux-là. On s'attache à cette tendresse.
Le passage où Till intervient à l'improviste dans la chambre de Paul m'a fait pouffer de rire ! Surtout le « Rajoutant en repartant, d’un rire gras, que de toute façon, il n’avait pas sa taille… » qui m'a bien achevée.
Juste une petite remarque pas bien méchante : attention à la faute concernant l'emploi de « ses » et « ces ».
Je te félicite pour cet excellent écrit ! :D
Mais je t'en prie voyons, c'est tout à fait normal. ^^
RépondreSupprimerOh ça, je veux bien te croire. Qu'ils continuent donc de nous faire rêver, le plus longtemps possible. ♥