vendredi 24 février 2012

Leer Brust...

Les doigts me brulaient de froid alors que je signais inlassablement quelques autographes devant la porte de l'hôtel. Fut un temps où j'aurais volontiers renvoyé paitre tout ce beau monde, mais ce soir n'était pas le même que les autres soirs. Je me sentais, pour une raison étrange, seul, en quête d'attention et d'amour. Pourtant j'en avais reçu tout le long de ce fichu concert, même lors de l'after show, mais rien n'y faisait, je me sentais bel et bien seul.
Le froid me giflait la joue déjà rosie, et je ne manquais pas de cacher le maximum de visage dans mon écharpe noire.
Ce fut à ce moment là que je la remarquai. Elle attendait patiemment alors que moi, je passais mon temps à flirter avec les différentes femmes qui s'affairaient à passer les unes devant les autres pour avoir mon autographe. Je ne voyais pas vraiment son visage, de toute façon, elle me semblait moche, mais un signe particulier me choqua : elle avait un tatouage qui avait eu le don de me répugner. Sa poitrine qu'elle ne cachait pas sous cet air glacé, semblait blessée. Le dessin représentait une plaie béante qui me donnait presque envie de vomir. Moi, l'ours des cavernes, choqué par ce tout petit dessin...
Je m'approchai d'elle, mon air dépassé toujours clairement affiché sur mon visage alors qu'elle, arrivait à peine à soutenir mon regard. Finalement elle n'était pas si moche que ça. Elle était un peu ronde, je dirais que c'était une femme, une vraie, pas une anorexique dégueulasse.
Je ne pouvais cependant pas empêcher mes yeux de voyager plus bas, vers son décolleté, et apparemment, ce fait la gêna. Je devait passer pour un pervers, ce que je m'avouais être en grande partie. Je souris intérieurement, et lui demanda d'une voix assurée :


"Tu t'appelles comment ?"


Oui c'était direct, mais elle me tendait son morceau de papier, il fallait bien que je trouve quelque chose à lui dire en retour de son geste. Elle ne me répondit pas, au lieu de ça, elle montrait le bout de papier, et je baissai les yeux. Il était inscrit "Katrin". Merde, alors elle était vraisemblablement muette. Ça s'annonçait bien ! Je ne me démontai pas, et avec un sourire franc, j'écrivais "Für Katrin, Till."


Elle semblait ravie, il ne lui en fallait pas beaucoup, comme à toutes les autres. Mais quelque chose clochait. Pourquoi je ressentais l'envie de lui parler, alors qu'elle, ne le pouvait pas ? Cette femme m'attirait d'une manière presque malsaine. Peut être était-ce ce tatouage qui m'avait interloqué, ou peut être son mutisme m'excitait. Je ne cachais pas mon côté fantaisiste qui voulait tester tout type de femmes, rondes, maigres, rousses, blondes, brunes, dominatrices ou non, mais jamais je n'avais fais l'amour à une femme muette. Je me trouvais répugnant de penser cela d'elle, alors qu'elle paraissait innocente, à attendre là sagement, pendant que moi j'avais des pensées loin d'être Catholiques. Je voulais me baffer pour ça, ce que je ne fis pas.


Je savais bien que je la fixais, mais rien, aucune réaction de sa part hormis un léger rougissement de ses joues, et ses yeux qui se baissaient au fur et à mesure. Soudain :


"Bon, Till il faut rentrer."


Mon garde du corps venait de parler, me tirant de mes rêveries. Il avait au moins eu une réaction de la part de cette Katrin. Elle avait relevé les yeux vers moi, l'air désolé. Mais une idée me vint en tête : je lui écris à la vite sur son papier de m'attendre quelques minutes. Elle lit vite-fait, et me jeta un regard qui aurait du me clouer sur place. Je me disais alors que ça n'avait pas été une bonne idée... Cependant, elle hocha la tête.


L'eau bouillante qui ruisselait sur ma peau déjà brulante me lavait de toute crasse alors que mon esprit repartait vers cette femme. Sa réaction m'avait quelque peu surpris. J'aurai juré que sans sa tête, elle n'avait pas pensé bien de moi, mais je m'en foutais quand même. Elle m'avait intrigué, ce tatouage devait avoir une signification. Il ne pouvait pas être vide de message, mais au delà de ça, elle m'avait tapé dans l'½il. Certes, elle n'avait pas l'allure d'un mannequin, mieux que ça, elle n'était pas aussi jeune que ma dernière conquête, mais elle était naturelle, et FEMME. Sur cette pensée, je me surpris à faire glisser ma main le long de mon ventre, vers mon bas-ventre...


Une serviette fermement enroulée autour de ma taille, je sortis de la salle de bain, et me dirigea vers le mini-bar. La bouteille de Tequila était ma meilleure amie à ce moment là... Sans savoir pourquoi, je voulus aller voir à la fenêtre, juste au cas ou. Mais je n'avais guère d'espoir compte tenu de sa réaction.
La Lune éclairait bien tout le parc qui s'étendait bien à ma vue, et j'eus l'impression de la voir, tout du moins, de voir une personne et une impression étrange emplit mon ventre.


Je m'habillai en vitesse, et enfila un long manteau noir la porte à peine claquée. Je courus presque dans les escaliers, privilégiant ceux-là plutôt que l'ascenseur ou j'aurais eu trop de temps pour réfléchir.
Encore ce putain de vent glacial qui me fit presque regretter d'être sorti de ma chambre, et je marchais d'un pas lourd vers le parc où j'avais donné rendez-vous à Katrin. Dans ma tête se bousculaient des tas de questions : notamment, si je voulais juste que cette nana ne soit qu'un coup du soir, pourquoi je me sentais si anxieux à l'idée de la revoir dans ce cadre là ? Elle me paraissait tellement fragile...Il fallait dire aussi que son handicap y faisait beaucoup.
Une vue conclus ma pensée ; assise sur un banc se trouvait une femme, cette femme qui ressemblait bien à celle que j'attendais. Une faible lueur orangée éclairait de temps à autre ses lèvres : elle était en train de fumer. Je me surpris à sourire en apprenant ce petit détail de sa part. Sentant pousser une confiance en moi, je fis les quelques pas qui me séparaient d'elle, et elle leva la tête vers moi, ouvrant la bouche de stupeur. Je ris.


"Tu ne pensais pas que j'allais venir ?"


Elle secoua la tête par la négative, pendant que je m'assieds à ses côtés et sortis moi-même une cigarette. Elle sortit son briquet et alluma la flamme, j'approchai ma tête de son doigt et fit embraser le tabac.
Enfin, je ne savais plus quoi dire. Elle ne pouvait pas me tenir la conversation bien évidemment, et je me trouvais soudainement stupide. Il fallait que je trouve un sujet...allez Till, réfléchis bordel !
Je pointai alors un doigt en direction de son tatouage, qui cette fois-ci était caché par un foulard qu'elle avait sorti de nulle part.


"J'ai été...comment dire...enfin, il veut dire quoi ton tatouage ?"


A la lueur de la Lune, je vis qu'elle souriait. Je ne devais pas être le seul à lui poser cette question. Elle me fit un signe avec ses mains. Un c½ur. Je ris en lui demandant si quelqu'un lui avait arraché le c½ur. Mais elle me fit signe de la tête que oui. Je me sentis con. Je savais bien qu'il fallait que je le prenne au sens figuré, bien évidemment, mais cette signification me laissa perplexe. Cette femme, aussi muette était-elle, avait une histoire à raconter. Mais cette histoire, je n'avais pas envie de l'entendre, à vrai dire, je m'en foutais un peu. Je voulais juste avoir son corps, assouvir mon fantasme, mais comment y parvenir ? Peut être qu'en lui faisant remarquer que je me souvenais de son prénom, j'allais lui faire croire qu'elle était particulière à mes yeux...


"Alors dis-moi, Katrin, as tu apprécié le concert ?"


Un immense sourire éclaira son visage, et je la trouvais magnifique à ce moment là. Elle secoua frénétiquement la tête, me faisant bien comprendre qu'en effet, elle avait du bien aimer.
Un silence vint se poser entre nous, et il fallut que je réfléchisse à un moyen de la rapprocher de moi. je me sentais comme un chasseur, et elle était ma proie...ou alors ce fut le contraire. Je préférais me conforter dans la première idée.


"Je dois t'avouer que je ne sais pas trop quoi te dire...hum, tu es seule ?"


Direct, je me reconnaissais bien à travers cette question. Je la sentis déstabilisée, elle ouvrit la bouche, la referma, puis la rouvrit, fronçant ses sourcils. Apparemment, je m'étais planté. Cette nana n'était pas une fille facile, il fallait que je la séduise d'avantage. Mais je n'eus pas le temps de réfléchir qu'elle se leva, visiblement vexée, ou faussement énervée, et par réflexe, je lui saisis le poignet. Je ne sentais pas ma force, je le savais, peut être que je lui faisais mal, mais en cet instant là, il fallait que j'agisse.
Toujours dans la peau du chasseur, je mis mon fusil en joue, prêt à tirer sur la biche que cette femme était, je me levai et lui fis face. Nos yeux se mêlaient, une réelle intensité entre nous, puis je plaquai mes lèvres contre les siennes : je venais de tirer mon premier coup de feu. Or, elle eut un mouvement de recul qui aurait du me raviser, mais je venais de blesser la biche à la cuisse, il fallait que je l'achève pour qu'elle soit mienne. Saisissant ses bras, je bloquai son corps contre le mien, et força ma langue dans sa bouche, allant à la rencontre de la sienne, plaquée timidement contre son palais. Soudain, elle fit quelque chose auquel je ne m'attendais pas ; elle enroula ses bras autour de mon cou et se perdit dans le baiser. Le gibier venait de tomber à terre, la biche était à moi. Poussé par un désir charnel, je bloquai son corps contre un arbre, et je ne pouvais empêcher mes mains de voyager sur son corps, j'en avais envie.


"Tu veux monter dans ma chambre ?"


La question était claire, et sans sous-entendu. Elle savait à quoi s'attendre, et elle approuva, pour mon plus grand bonheur. Je lui saisis la main, et l'entraina avec moi.


Nos vêtements volèrent à travers la pièce, et je pus enfin contempler son tatouage dans toute sa macabre splendeur. En effet, son c½ur avait été volé, et je comptais le lui rendre pour cette nuit. Je quittais ses lèvres pour diriger les miennes vers le dessin, enivré par une certaine pulsion qui me poussait à gouter les moindres centimètres de son corps. Alors que je la couchai sur le lit, ma bouche engloutit un de ses mamelons, et elle leva la tête, fermant les yeux. Ma langue accomplissait son travail alors que ma main vint à la rencontre de son fruit défendu, et je fus surpris de sa lubricité. Mais je ne voulais plus attendre, mon plaisir passait avant le sien, et je remontais tout en ne manquant pas de la caresser aussi tendrement que je le pouvais, léchant au passage la ligne de son cou parfumé, pour ensuite l'embrasser passionnément. Enfin, je rentrai en elle, et je crus mourir de plaisir. Je jure, que de toutes les femmes que j'ai connu, je n'avais jamais eu cette sensation auparavant. Elle m'encerclait parfaitement, comme si nous étions faits l'un pour l'autre, et lorsque je m'engouffrai un peu plus dans sa chaleur, sa bouche s'ouvrit pour pousser un cri silencieux. Voilà donc la jouissance d'une femme muette. Je souriais dans son cou, et commençai les vas-et viens, soudainement contrarié à l'idée de raccourcir la durée de nos ébats. Finalement, je ne voulais pas gâcher son plaisir. Elle s'était offerte aveuglément à moi, et je me devais d'honorer ses attentes. Soudain, elle nous fit basculer, se retrouvant sur moi, et offrit à ma vue, son corps dénudé, écarté de toute pudeur. Elle semblait prendre du plaisir. Je la saisis par les hanches, et guidai ses mouvements, perdant peu à peu le contrôle. Si seulement elle avait une voix, je jure qu'elle aurait pu hurler. Ses joues tournaient à l'écarlate et elle accéléra la cadence. Enfin, elle se pencha sur moi, puis griffa mon torse alors qu'elle était en train d'atteindre son but. Peu de temps après je suivis, gémissant des tas de mots dans ma langue natale, alors qu'elle s'écroulait sur moi.


Je me réveillais lentement, la lumière du soleil m'aveuglait, mais je préférais ça à un bruit de réveil. Puis je sentis une main sur mon ventre, je la regardai, et remontai jusqu'à elle. Elle était sublime. Cette nuit avait été magique, à la hauteur de mes espérances et de mes fantasmes. Elle m'avait fait oublier où je me trouvais, et même qui j'étais, car j'eus l'envie, le temps de quelques minutes, de la garder avec moi à jamais. Mais je ne pouvais faire ça, c'était contraire à mes principes, ce n'était tout simplement pas moi...
[3 ans plus tard... Wendish-Rambow]

"Le repas était excellent, merci Katrin."

Je regardais avec amour ce bout de femme s'affairer dans la cuisine pour débarrasser la vaisselle qui trônait sur la table. Katrin était ma compagne. Aussi étonnant que cela puisse paraitre, et aussi étranger me fut se sentiment, j'en étais tombé amoureux dès la première nuit que nous avions passés ensembles. Je ne pouvais plus m'en détacher. Elle était mon essence, et notre relation faisait naitre une flamme qui me réchauffait le c½ur. Elle m'avait fait changer; je n'étais plus la bête immonde qui brisait les femmes, usant et abusant de leur corps. J'étais devenu le vieux et sage Till Lindemann. Ce statut me fit rire lorsque Christian m'eut appelé comme ça la première fois.
Je lui avais proposé de vivre avec moi au bout de quelques mois de vas et viens entre nos deux pays, elle était Française. Je me sentais tellement fier et vivant lorsqu'enfin, elle posa ses valises dans l'entrée de ma maison. J'étais le plus heureux des hommes.

Ses ongles me griffèrent le torse, comme à leur habitude alors que mes cris emplissaient notre chambre à coucher. Nous étions encore en train de faire l'amour, et j'avais pris l'habitude d'être cicatrisé par ses griffures sur mon c½ur...

Je me réveillai le lendemain et je me sentais nu. Nu, parce que je ne sentais pas cette main qui réchauffait mon torse tous les matins. Je tournais la tête, et ne vis personne.

"Katrin ?"

Pauvre imbécile, elle ne pouvait pas te répondre. Interloqué, je me levai, m'attendant à la voir dans la cuisine, mais aucun signe d'elle. Je ne contrôlais plus mon rythme cardiaque lorsque je vis cette lettre...

{Cher Till,

Je suis désolée d'être obligée de passer par là, mais sans pouvoir m'exprimer, je ne pouvais pas t'en faire part avant. Je tenais avant tout à te remercier de m'avoir rendu mon c½ur, de m'avoir faite revivre. Tu m'as offert bien plus que n'importe quel autre être humain aurait pu m'offrir. Mais je ne me sens quand même pas à ma place. J'ai envie de te crier à quel point je t'aime, à quel point je tiens à toi, mais je ne peux pas, je me sens impuissante. Aussi, j'ai eu des retours de notre relation, et, je t'en supplie, ne m'en veux pas, mais je voulais des enfants, mais "tu étais trop vieux pour ça", tu me l'as dit toi même. Aussi, quand hier, j'ai fais un test, et j'ai enfin senti la vie en moi, j'ai pris peur et je n'ai pas voulu t'affronter. Tu peux me traiter de lâche car je le suis. Peut être que finalement notre différence d'âge est un fossé bien plus important que tous les handicaps...
Pardonne-moi.

Katrin.}

Une larme venait de quitter mes yeux, pour finir sur ma poitrine. Je la suivis du regard et ris jaune. Cette femme qui avait une plaie béante sur le c½ur, venait de partir, en emportant le mien...

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